////////////////////////// MUAY THAÏ
J’ai réalisé ce reportage photographique sur la boxe Thaï à Bangkok et dans différentes villes de Thaïlande pendant un mois. J’ai également filmé les scènes de boxe dans les écoles de rues, dans les camps d’entraînement ou dans les stadiums.
Chaque pays a sa propre conception de la violence et sa façon de la canaliser à travers le sport et notamment les arts martiaux. La boxe Thaï : Muay Thaï ou « boxe du peuple » est considérée comme un sport très violent par les occidentaux car les boxeurs peuvent utiliser les coups de pieds et de poings, mais aussi les coups de coudes et de genoux. De plus les entraînements sont très durs et les enfants commencent la pratique de ce sport très jeunes (5 ou 6 ans).
Des combats sont organisés dans tous les villages et souvent les combattants sont à peine plus âgés. Le corps est soumis à des traitements très rudes et les blessures nombreuses.
Pour les parents, c’est aussi le rêve de voir leurs enfants devenir un jour champion et avoir une vie meilleure.
En Asie, la culture et l’éducation ne permettent pas aux personnes d’exprimer ouvertement leurs émotions, le sourire est de rigueur et nul ne doit « perdre la face ».
La boxe Thaï permet de libérer cette énergie trop souvent contenue.
Les Thaïs vouent un culte au « Muay Thaï » et les parents poussent leurs enfants à combattre dès le plus jeune âge.
La violence des combats, l’ambiance survoltée des stadiums, les cris contrastent étrangement avec le contrôle de soi, la douceur et le raffinement de la culture asiatique : La photographie me permet de révéler ces contrastes et de porter un regard sur la façon dont chaque culture exprime sa violence.
////////////////////////// Les gardiens des Monts Liang
Les 108 brigands des monts Liang sont aussi populaires en Chine que le sont en Occident « Don Quichotte » ou « Les trois mousquetaires », « Au bord de l’eau » est peut-être le classique de la littérature chinoise le plus célèbre dans tout l’Empire du Milieu.
S’inspirant de faits réels survenus lors du premier tiers du XIIe siècle, le récit relate les aventures d’une armée de hors-la-loi insurgés contre le pouvoir corrompu de l’époque.
Cette insurrection qui tint longtemps en échec les armées impériales, a donné lieu à nombre de récits et d’anecdotes relatant les hauts-faits de ces valeureux brigands. Très vite, la tradition orale, par le biais des conteurs, s’est en effet emparée des aventures des 108 brigands des marais des Monts-Liang, donnant à ceux-ci une stature quasi-mythique, figures de héros populaires en révolte contre une administration corrompue.
Les Monts Liang se situent dans la province du Shandong, au nord est de la Chine. Les héros qui vivaient sur ces monts il y a plus de huit siècles brillaient tous par leur habileté particulière dans les arts martiaux.
Aujourd’hui les enfants pratiquent le meihuazhuan dans ce esprit chevaleresque.
Dès le matin à l’aube, les entraînements commencent : assouplissement, échauffement, travail avec partenaire. Les démonstrations se succèdent d’abord gymniques, enchaînements de sauts, salto plus impressionnants les uns que les autres au son d’une techno asiatique assourdissante. Le travail à deux sous le regard des plus expérimentés, les séries de frappe, de coups de pieds et poings, les chutes sont le quotidien de ces jeunes. Viennent ensuite la manipulation des armes avec le bâton et l’épée. Les maîtres transmettent leurs savoirs et lorsqu’ils exécutent des formes complexes avec lances, fléaux à trois branches, chaînes et armes traditionnelles, les applaudissements et les cris d’encouragement de leurs élèves s’élèvent plus haut que le son strident de la musique techno chinoise qui rythme toutes les démonstrations.
Les plus jeunes ont 5 ou 6 ans et suivent la formation de cette école. Le matin, arts martiaux et en fin de matinée, cours d’anglais et de maths. Les enfants retrouvent alors les bancs de la classe et leurs maîtresses.
L’après midi, ils vont s’entraîner dans les montagnes et retrouvent l’esprit des héros imaginaires des monts Liang. Aujourd’hui ils croisent des touristes venus de toute la Chine pour ressentir cet esprit chevaleresque qui fait rêver toutes les générations.
Au pied des monts Liang, les montagnes sont creusées un peu plus chaque jour et les grues construisent de faux temples flambant neufs qui feront le bonheur des prochains touristes. Des spectacles de kung fu mettant en scène les aventures des 108 brigands permettront à ces enfants de continuer à pratiquer leur art. Il en a toujours été ainsi dans les Monts Liang.
Mei Hua Zhuang se traduit en français par « les pieux en fleurs de prunier » et signifie, plus couramment, « la boxe de la fleur de prunier ». Ce nom fut choisi pour cet art martial en raison du lien entre ses valeurs et la signification symbolique donnée à cette fleur dans la culture traditionnelle chinoise.
Le Mei Hua Zhuang est un des plus anciens arts martiaux chinois. Il a été reconnu en 2007 par les autorités comme un des trésors culturels immatériels de la Chine.
Il fait référence à la fleur de prunier, Meihua, qui représente les valeurs d’unité, de persévérance, de vaillance et de modestie qui sont celles de cet art martial.